Actualités

[SOLOTHURNER FILMTAGE] - Retrospective "Imaginaire du Jura"

[SOLOTHURNER FILMTAGE] - Retrospective "Imaginaire du Jura"

Dans le cadre du 60ᵉ anniversaire des Journées de Soleure (Solothurner Filmtage), l'événement se penche sur un territoire au pied duquel il est ancré : les Montagnes du Jura. Quelle est l'essence de ce paysage du Jura ? Comment est-il exploré par le cinéma ? La rétrospective donne un aperçu des différents rôles joués par le Jura à l'écran : comme scène de crime, comme décor de western et comme lieu d'introspection.

Dans ce programme, il est question de l'Arc jurassien, le Massif du Jura, côté France (Doubs, Jura, Ain...), côté Suisse (Canton du Jura, de Soleure, de Vaud, de Neuchâtel, de Bern...).

>> Découvrez le programme spécial "Imaginaires du Jura" <<

Si le panorama des Alpes suisses a inspiré des cinéastes du monde entier, on a tendance à oublier que les montagnes du Jura étaient – et sont toujours – un lieu de tournage apprécié. Les frères Pathé comptent parmi les premier.ère.s réalisateur.trice.s à avoir filmé le paysage jurassien il y a plus de cent ans. Par la suite, des grands cinéastes comme Claire Denis, Ursula Meier et Alain Tanner, ou récemment l'humoriste Franck Dubosc, se sont rendus dans le Jura. Au programme figurent des comédies, des drames, des documentaires et des films muets avec accompagnement musical live.

Une montagne est née
D'un point de vue géologique, le Jura est un jeune acteur : il n'a que 200 millions d'années. À l'écran, on le voit plus rarement que les Alpes, ce qui en fait un sujet de rétrospective d'autant plus intéressant. Ses qualités de jeu discrètes et mystérieuses ont séduit des grands noms du cinéma suisse et français, comme Alain Tanner, Ursula Meier, Claire Denis ou Jean-Pierre Mocky. Crédité dans plus de 200 courts et longs métrages, il occupe une place centrale dans les 23 programmes de la rétrospective. On y découvre ses rôles les plus importants, des plus célèbres aux moins connus, de paysage mystique à décor de polar, entre films muets et blockbusters.

Une scène de crime
Autant le relief de la chaîne de montagnes est doux, autant les délits qu’on y commet sont violents. Un rôle souvent attribué au Jura est celui de scène de crime : ses paysages ont servi de coulisse à des histoires de trafic d'êtres humains, de braquage de banques, de barons de la drogue tués par hasard... même une infirmière qui tire sur des enfants s’y trouve en terrain hospitalier. Dans VINGT DIEUX (2024) de Louise Courvoisier, l'adolescent Francis est un peu plus inoffensif – il vole simplement du lait pour gagner un concours de fromage. Tout semble possible dans ce paysage ouvert et complice qui, en tant que territoire frontière, favorise l’activité des contrebandiers et des petits criminels. Cela n’empêche pas un commissaire taciturne d’arriver à ses fins, pour autant qu'il soit joué par Alain Delon, comme dans LES GRANGES BRÛLÉES (1973).

Western intérieur
Celui qui s'enfonce dans les paysages jurassiens peut s'estimer heureux d'avoir une panne de voiture. Un architecte parisien en fait l'expérience dans le film PASSE MONTAGNE (1978), où il est miraculeusement accueilli – peut-être même sauvé – par le Jura. Le film a été réalisé par l'acteur Jean-François Stévenin, natif de la région, aux yeux duquel le Jura était un décor de western. Une image cohérente si l'on pense aux nombreux héros solitaires, femmes puissantes et chevaux qui peuplent ce territoire cinématographique. Pourtant, le paysage jurassien lui-même présente peu d’aspérité. En le contemplant, on ressent un « allègement » – des difficultés de la vie ou d’une sensualité sauvage, comme Rose-Hélène dans le premier long métrage (1983) de Marcel Schüpbach. En écho à l’itinéraire intérieur de la jeune femme, le programme de film – enrichi d’une exposition au Musée des Beaux-Arts de Soleure et d’un numéro de « Transhelvetica » – offre un voyage dans le temps, sans jamais changer d’endroit.

(Textes en italique - Auteurs : Emilien Gür, David Wegmüller - ©SolothurnerFilmtage)

----------

VALORISER NOS COMPÉTENCES SUR L'ÉVÉNEMENT

Bourgogne-Franche-Comté Tournages & Cinéma (Ludivine Mélo) a été sollicité par les organisateurs, pour une intervention lors d'une étude de cas "Casting d'un paysage - Imaginaires du Jura", en compagnie du réalisateur Sébastien Betbeder et du repéreur Pierre Jouille. Cette présentation a été modérée par Joël Jent (réalisateur-producteur)
À partir de l'exemple du film L'INCROYABLE FEMME DES NEIGES (2025) de Sébastien Betbeder, tourné dans les Montagnes du Jura en 2024, les discussions ont porté sur le processus de sélection des paysages, le rôle clé du repéreur et les missions d’un bureau d’accueil des tournages. Près de 30 professionnels ont assisté à ces échanges.
Aussi, en amont de la projection de VINGT DIEUX (2024), une présentation sous forme de questions-réponses a eu lieu entre Niccolò Castelli (directeur artistique et directeur de la commission du film de Ticino (Suisse italienne) et Ludivine Mélo, afin de présenter les missions d'un bureau d'accueil des tournages au grand public. (Comment s'est déroulé le processus de casting des paysages du film ; Qu’est-ce qui attire les cinéastes français dans le Jura et qu'est-ce qui suscite cet intérêt particulier ? ; Que représente le succès du film pour la région ? ; Parlez-nous des comédiens et de leurs recrutements ?)